Sur les traces de la poète Marie Uguay
- Susan Guillet
- 1 juil.
- 3 min de lecture

Le jeudi 26 juin, nous étions 18 à nous retrouver à la station Jolicoeur pour marcher sur les traces de la poète Marie Uguay, née Lalonde, qui a vécu à Ville-Émard de sa naissance en 1955 à sa mort en 1981, à l'âge de 26 ans.

Elle a vécu à 2154 rue Jolicoeur toute sa vie. C’était la maison familiale de son grand-père maternel, César Uguay, qui a immigré de la France dans les années 1920. D’abord ouvrier, puis musicien, violoniste et professeur de musique aux collèges, il a eu une forte influence sur Marie. Grâce à lui, elle a vu que l’on peut se réaliser par les arts, et elle a choisi très jeune l’écriture pour lutter contre un destin déterminé en étant une fille. Elle a pris le surnom Uguay en l'honneur de cet homme tant admiré et aimé.

Elle était élève à l’école secondaire Esther-Blondin à St-Henri et ensuite au collège Marguerite-Bourgeoys à Westmount. Elle a fait des études en communication à l’UQAM, mais les a abandonnées en 1976. C’est à l’UQAM qu’elle a rencontré Stéphan Kovacs, étudiant en photographie. Il collaborera au fil des ans à ses publications et restera son compagnon jusqu'à la fin de sa vie.

Son premier recueil de poésie, Signe et rumeur, sera publié en novembre 1976. Au printemps 1976, Stéphan et elle partent pour 3 mois aux Îles de la Madeleine grâce à une bourse de création photographique obtenue par son compagnon. Marie est heureuse, épanouie, et elle débauche des premiers poèmes de son deuxième recueil L’Outre-vie.

Sa vie est brutalement bouleversée en septembre 1977 quand elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer virulent des os. Un combat acharné de 2 mois à l’hôpital n’empêchera pas l’inconcevable: l’amputation de la jambe droite. Elle trouve néanmoins la force d’écrire et ces poèmes sont ajoutés à L’Outre-vie.

En convalescence à la maison sur Jolicoeur, avec Stéphan, au début de 1978 elle est en réadaptation pour réapprendre à marcher avec une jambe artificielle. Elle réalisera son rêve de visiter Paris à la fin de l’été 1978. Avant le départ, elle remet à son éditeur L’Outre-vie, qui sera publié en 1979. Paris est une ville qui se découvre à pieds et elle a du mal à suivre le rythme. Elle revient déçue d’elle-même et meurtrie.

Malgré les traitements difficiles, qui se poursuivent, Marie continue à écrire des nouveaux textes en prose qu’elle remanie en poèmes, ceux de son prochain recueil Autoportraits. Elle y parle de Ville-Emard, des quartiers résidentiels qui juxtaposent les quartiers industriels le long du canal de Lachine. Elle parle des usines, de la solidarité, de la rudesse du travail, et des inégalités sociales. Elle comparait Westmount, cossu et vert, à Ville-Émard, multiculturel et multi-dimensionnel et l’omniprésence d’asphalte. Elle parle des réalités socio-économiques des deux quartiers. Elle a toujours adoré marcher dans Montréal, même après l’amputation. Elle prenait le bus avec son sac à dos. Elle aime ''la lumière qui se déplace dans Ville-Émard. Elle n’est pas encore masquée par de hautes constructions.’’ Elle aimait sa ville et son quartier!

Malgré les traitements plus intensifs et difficiles Marie Uguay reste active. Elle participe à de nombreuses lectures de poésie, notamment à ''La Nuit de la poésie’’. Sa prestation fera partie d’un film pour l’ONF: La Nuit de la poésie 28 mars 1980. Le cinéaste Jean-Claude Labrecque lui propose de faire un film uniquement sur elle. Une collaboration se poursuivra tout au long de l’année 1981. Marie poursuit l’écriture de son recueil Autoportraits. Elle meurt avant la fin du tournage du film. Au printemps 1982 paraissent Autoportraits et le film Marie Uguay. La Maison de la culture est baptisée en son honneur cette même année, 1982.
J'ai trouvé ces informations ainsi que le parcours que nous avons suivi sur l'application gratuite ''Portrait Sonore''. J'ai aussi consulté Wikipédia en français en ligne.


Nous avons parcouru les rues, les boulevards, les parcs et la ruelle suivant: Drake, Holy Cross, Laurendeau, Jolicoeur, Monk, St-Patrick, Hamilton, Jacques-Hertel, parc Ignace-Bourget et sa butte, parc Garneau, Springland, d'Aragon, la ruelle verte des Figuiers, et Allard.

Nous aurons pu continuer sur les traces de Marie en continuant au parc Curé-Albert-Arnold et au parc Angrignon, mais le temps nous manquait. Nous nous sommes rendus au Café central pour la dégustation des boissons en bonne compagnie, contents, je pense, de notre bonne marche urbaine.
Merci pour cet excellent reportage sur le quartier et surtout sur la vie de Marie Uguay, que nous connaissions si peu